Trame de vieux bois

Les arbres vieux sont précieux pour la biodiversité. Savez-vous que préserver ces écosystèmes peut également être favorable à l'exploitation forestière ?

Vous avez certainement déjà entendu parler de la trame verte ou de la trame bleue qui sont développées pour assurer les continuités écologiques  et favoriser les déplacements des espèces animales comme végétales. la trame verte pour les continuités forestières et bleue pour les aquatiques.

Le développement d’une trame de vieux bois s’inscrit dans la trame verte et repose sur le principe suivant : assurer une continuité des forêts matures d’un point de vue écologique.
En effet, de nombreuses espèces dépendent de cet écosystème particulier pour se nourrir, nicher ou se reproduire. Il est donc important de leur conserver des habitats favorables et de proposer une continuité de ces habitats dans les espaces forestiers.

Ces écosystèmes sont caractérisés par la présence d’arbres conservés au-delà de leur âge d’exploitabilité (âge optimal de coupe). Ils sont ainsi constitués d’arbres de gros diamètres et de bois mort au sol ou sur pied.

Pour constituer une trame de vieux bois sur le massif du Pilat, nous nous appuyons sur deux systèmes complémentaires :

  • Des îlots de sénescence ;
    Ce sont des espaces forestiers d’à minima 0,5 hectare qui sont conservés en libre évolution, sans récolte de bois. Ils constituent de précieux réservoirs de biodiversité (chauves-souris, champignons et lichens spécifiques notamment).
  • La conservation d’arbres « bios »
    Ce sont des arbres intéressants à conserver pour la biodiversité car ils constituent des points de relais entre les îlots de sénescence. Ils peuvent être conservés pour de multiples raisons :
    – Ils sont porteurs de dendro-micro-habitats (DMH), par exemple des loges de pics, cavités, décollement d’écorce, cimes brisées …
    – Ils apportent une diversification des essences présentes sur la parcelle ;
    – Ce sont de très gros bois (> 67,5cm de diamètre) vivants, dépérissants ou morts.


Châtaignier vivant pluricentenaire présentant de nombreux micro-habitats

Quels sont les bénéfices apportés par cette trame ?

Les bénéfices apportés par la conservation de ces arbres vont bien au-delà d’une unique approche favorable à la biodiversité en forêt.

En effet :

  • La décomposition du bois mort est indispensable au retour des éléments minéraux dans le sol, à la création d’humus et à la fertilité des espaces forestiers ;
  • 20 % des insectes saproxyliques responsables de la dégradation du bois mort sont floricoles au stade adulte, c’est à dire qu’ils participent à la pollinisation des végétaux* ;
  • Les habitats ainsi conservés sont favorables à de nombreuses espèces animales, qui contribuent à la dissémination des graines, notamment des oiseaux – ce qui peut constituer un élément non négligeable dans l’adaptation des forêts face aux évolutions climatiques en accélérant la remontée en altitude des essences forestières ;
  • Ces habitats sont également appréciés des prédateurs des ravageurs (ex : le Pic noir niche dans les bois morts ou sénescents et se nourrit des scolytes ; La Barbastelle d’Europe et les Mésanges se nourrissent de la Processionnaire du pin), les conserver permet ainsi de lutter naturellement contre le développement de ces ravageurs ;
  • Une forêt biodiverse présente plus de garantie de résilience face aux aléas et au changement climatique ;
  • Les vieux arbres, souvent remarquables, présentent un intérêt patrimonial certain.

Ainsi, les bénéfices apportés au niveau parcellaire sont plus importants que la relative perte économique que leur conservation peut engendrer, notamment car les arbres « bios » choisis pour être conservés n’ont généralement qu’une très faible valeur économique (arbres tortueux, branchus et mal calibrés pour l’exploitation), mais une très forte valeur environnementale.

Il est par conséquent tout à fait possible de concilier production de bois et biodiversité par l’adoption de pratiques sylvicoles de bon sens, respectueuses des écosystèmes !

*Contrairement à de nombreuses idées reçues, les insectes et champignons qui contribuent à la dégradation des bois morts, sont spécifiques des bois morts et ne peuvent par conséquent pas s’attaquer aux bois vivants. Conserver du bois mort sur sa parcelle ne met pas en danger le peuplement, bien au contraire !

Conserver ces vieux bois dans le Pilat

Le Parc du Pilat est engagé dans cette action aux côtés de l’IPAMAC, du CRPF et de l’ONF.

L’objectif principal est d’améliorer la fonctionnalité écologique et la biodiversité des forêts, ce qui a une incidence positive sur leur état de santé et leur capacité de réponse face aux aléas climatiques et sanitaires de plus en plus réguliers avec les évolutions du climat.

C’est en ce sens qu’une cartographie des forêts anciennes* a été réalisée en 2016 à l’échelle du Parc du Pilat, et que les travaux se poursuivent actuellement autour des forêts matures et du développement de la trame de vieux bois.

Ainsi, l’ONF a cartographié les forêts matures au sein des forêts anciennes en forêt publique et il convient à présent d’essaimer la trame de vieux bois à partir de ces îlots identifiés.

*On désigne sous le terme de forêt ancienne une forêt qui a conservé son état boisé depuis à minima 200 ans, critère qui se vérifie à l’appui des 1ères cartes de l’état-major des années 1820.
36 % des forêts du Pilat sont à ce titre présumées anciennes.
Ces forêts sont marquées par la présence d’une faune et d’une flore spécifique, caractérisées par de faibles capacités de dissémination ou de fortes exigences sur la qualité écologique du milieu.

Présentation des forêts anciennes du Pilat

Télécharger la carte

Vous souhaitez contribuer à la trame de vieux bois ?

Il vous suffit de nous contacter en précisant la localisation de votre parcelle et le type de peuplement qui la compose.

Un diagnostic IBP (Indice de Biodiversité Potentielle) sera réalisé afin de procéder à un état des lieux de la biodiversité de la parcelle, d’en évaluer les points forts à conserver et les éléments qui peuvent être améliorés.

En fonction de votre sensibilité à la trame de vieux bois, il vous sera possible, sur accompagnement du CRPF et du Parc, de désigner 2 à 10 arbres « bios » à l’hectare, ou de constituer un îlot de sénescence.

Pour assurer la pérennité du dispositif, et si vous le souhaitez, les arbres conservés et les îlots créés pourront être indiqués dans un document de gestion durable.

Ces visites conseil sont gratuites et réalisées dans le cadre du Contrat Vert et Bleu Grand Pilat.

Typologie des dendro-micro-habitats

Contacts
Au Parc du Pilat : Adam Gibaud – agibaud@parc-naturel-pilat.fr
Au CRPF : Sophie Lafond – sophie.lafond@cnpf.fr


          

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